Denis Valette, éleveur & fier de produire du seigle de Margeride !
A 38 ans, Denis Valette est le producteur de Seigle de Margeride dont les parcelles de montagne sont les plus hautes en altitude. A l’heure de la moisson, il nous raconte sa passion.
De sa maison perchée sur une colline de Termes en Lozère, Denis Valette, contemple chaque jour les paisibles Monts de la Margeride. A cent mètres de ses fenêtres, une bâtisse traditionnelle en granit gris et quelques arbres constituent un havre de fraîcheur pour ses vaches Limousine ; car Denis est avant tout producteur de veau sous la mère ! Derrière son troupeau, on aperçoit enfin une parcelle baignée de soleil : LA parcelle de Seigle de Margeride dont il est si fier.
« En Margeride, les anciens ont depuis toujours produit du seigle. Puis cette culture a été peu à peu abandonnée au profit de céréales comme le triticale.», raconte Denis Valette.
Installé en 2003, le jeune éleveur de 38 ans a racheté l’exploitation sur laquelle sa famille était en fermage depuis 2 générations. Heureux que la filière de qualité de Seigle de Margeride ait été lancée dans les années 2000 avec les Moulins d’Antoine, il a aussitôt demandé à son père de semer sa première parcelle.
Le seigle de Margeride, bon, propre et juste
« Notre filière Seigle de Margeride est propre ! Et c’est très important pour nous et pour notre image.», insiste le jeune agriculteur. Et d’expliquer avec fierté: « Nous n’utilisons aucun produit phytosanitaire sur cette culture. Ce qui est notamment rendu possible par le fait que nous avons sélectionné une variété pure adaptée à notre terroir. Nos apports d’engrais sont limités par le cahier des charges à 50 unités d’azote par hectare. Cette année, je n’en ai apporté que 30 et mon seigle est malgré tout très beau…. »
Culture traditionnelle en Margeride, le seigle est aussi économiquement rentable pour les agriculteurs. « Le seigle s’adapte bien à nos sols granitiques et acides : sur mon exploitation, les rendements ne sont pas inférieurs à ceux d’un blé ou d’un triticale (45 à 55 quintaux par hectare en moyenne). Mais, étant une culture naturelle, le seigle coûte moins cher à produire que d’autres céréales… Et puis nous avons des accords avec les Moulins d’Antoine qui permettent une rémunération honnête de notre travail », relate le producteur avant d’ajouter : « Sans compter que sur un hectare de seigle, je produis autant de grain que de paille (environ 5,5T/ha), ce qui a son importance puisqu’en tant qu’éleveur, je dois pailler mon étable pour mes Limousines. »
Roulement de batteuse, voilà la moissonneuse…
Alors que Denis Valette nous conte son histoire, arrive la moissonneuse-batteuse… enfin ! Le regard grave et concentré, écrasant un épi de seigle dans ses mains, il annonce : « La récolte, c’est le moment le plus stressant ! Il n’y a plus rien à faire que d’attendre…. »
S’il parie sur une 50aine de quintaux à l’hectare et une belle récolte, Denis détaille : « Demain, ils viendront chercher mes bennes de grains. Et je saurai enfin quel rendement j’ai fait et pour quelle qualité »… Et d’ajouter : « Quoiqu’il en soit, il parait que cette année la récolte est exceptionnelle ! Et si je le sais, c’est que de la 20aine d’agriculteurs qui constituent notre filière, chaque année, je suis le premier à semer mon seigle, le dernier à le récolter ! Car ici, nous sommes en montagne, à plus de 1100 mètres d’altitude.»
Quatre tours de parcelle plus tard, le moissonneur s’arrête enfin pour vider sa trémie et annonce : « Jolie parcelle ! Ca va couler ! ». Soulagement. Denis sourit…
Propos recueillis par C. Teyssédou
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